Levé pas très tard, nous partons avec enthousiasme, à 10h du matin, afin de franchir le col de l'Abra del Acai. À la sortie de Cachi, l'asphalte est toujours présente menant au petit village voisin avant que la piste ne prenne le relais. 

Celle-ci, plutôt large, ne présente pas trop de tôle ondulée sur les premiers kilomètres. Par la suite, elle se resserre et ressemble parfois plus à un chemin qu'à une route nationale. Elle longe la rivière en partie asséchée. Pas de pont mais des passages à gués qui rajoute de l'aventure à l'aventure. En effet, le lit de la rivière, large de plusieurs dizaines de mètres, est parcemé de rocailles et autres ornières. Et si sur les 30 ou 40 mètres de largeurs que fait son lit, seul 5 à 10 m sont en eau, on devine que les flots ont été important les jours précédents. En atteste la disparition des traces de piste, les ornières boueuses et les rocailles qui ont roulés sur les traces restantes. On fait du hors piste et on est parfois bien content de voir un autre véhicule devant nous qui nous ouvre la voie. La boue est omniprésente et le camion en est crépis comme il ne l'a jamais été. 

Les 50 premiers kms sont ainsi. Nous alternons passage de gués et gorges rougeâtres admirables. Si nous pensons aux goges de la Tundra au Maroc, si jolies soient elles, elles peuvent se rhabiller face à ce paysage et ces falaises rougeâtres qui nous surplombent et s'étendent sur des kms. Parfois, on se croirait dans le Far West avec ces falaises et les cactus qui se dressent tel des doigts qui pointeraient le ciel depuis la terre. Seul les montagnes et leurs sommets, atteignant les 5000 à 6000 m d'alt, autour de nous, nous rappelle que nous sommes au cœur des Andes. 

Nous arrivons bientôt à hauteur du village de La Paloma, perdu dans les montagnes et situé à un peu moins de 3000m d'alt. Nous évitons le centre et continuons sur la 40. Nous traversons nos dernier passage de gués alors que la piste commence à monter. Bientôt un premier pick-up, nous arrête en nous croisant. Visiblement, 4 amis Argentin en vacances, qui avaient en tête de franchir le col. Mais ces derniers nous annonce que le col est fermé car la route est effondrée. Même en 4x4 ça ne passe pas nous disent ils. Non pas que nous ne les croyons pas mais nous continuons car assez dépité de devoir faire demi-tour. Cela nous ferait faire un crochet par une route déjà emprunté de près de 190kms. On insiste mais 10kms plus loin, alors que nous traversons des hameaux où seul les chèvres et quelques personnes vivent, un autre pick up, cette fois de la municipalité de La Paloma, nous donne l'info similaire. La route s'est cassée la gueule quelques jours avant et visiblement elle n'est pas prête d'être refaite. Trop déçu, nous finissons par faire demi-tour à 30 kms du sommet. Il nous restait 1600m de dénivelé environ à parcourir. 

On se pose 5 min pour regarder la carte mais pas le choix. Déjà refaire les 80kms de piste-chemin que nous venons de faire et ensuite remonter le col à 3400m fait l'avant veille (heureusement la vue y est magnifique) pour redescendre dans la vallée de Salta à 1200m d'alt. Au total près de 190kms dont plus de 120 de piste. Déjà 2h30 que nous roulons et on revient sur nos pas. Un non sens pour moi qui aime garder le cap dans la direction à suivre et pour Elo qui n'aime pas repasser là où l'on est déjà passé. 

Finalement après la piste-chemin, nous enchaînons pour faire les 100kms qui nous sépare de Salta. Nous repassons sur le plateau garnit de Cactus et de Guanaco et poursuivons l'ascension jusqu'à la Cuesta del Obispo (rien à voir avec le chanteur), point de vue spectaculaire sur la vallée Calchaquie verdoyante que nous avions déjà admiré l'avant veille. On s'y pose pour manger un morceau. Il faut dire qu'il est déjà 15h30 et cela fait donc 5h30 que nous sommes partis de notre spot du matin.

A 3450 m, alors que le temps s'est ostensiblement couvert, il fait frais. Vraiment agréable, quoique un petit pull s'impose. Après le repas, nous redescendons les interminables lacets qui serpentent. La piste est de nouveau là, couleur grise mais plutôt de bonne facture. Nous redescendons dans la vallée verdoyante et luxuriante. On fait attention aux freins car la piste descend énormément et une légère odeure nous alerte que je ne me sers visiblement pas assez du frein moteur. De toute manière, maintenant on le sait, quand tu monte un col à 30km/h, il faut que ce soit ta vitesse de croisière pour la descente et ce même si tu te retrouve parfois en seconde. 

Nous regagnons la ruta 68 qui mène à Salta et c'est à 20kms du centre que nous faisons escale sur une sorte d'aire de pique nique. Beaucoup d'animation car beaucoup de gens profitent des Assado (barbecues) mis à disposition. 5 ou 6 enfants, âgés de 10 à 15 ans viennent nous parler, très intrigué par le camion et notre voyage. L'occasion d'échanger avec eux pendant près d'une demi-heure. Beaucoup de question, plutôt pertinente. Comme les pays traversés que nous avons préféré, comment payer un tel voayge et enfin des questions sur la France et ses paysages. Finalement, nous leur donnons, car ils en sont très curieux, des pièces européennes. Quelques centimes mais cela fait leur bonheur. Ils sont tous cousins et participent à une réunion de famille. Ils reviennent ensuite avec moins de question mais avec des gâteaux afin que nous découvrions les "pâtisseries" locales. 

Alors qu'une partie de la famille s'en va, nous nous rappelons que nous avons des vêtements de Léa et Nahèl qui trop petits nous encombrent. Aussi, ayant vu des enfants en bas âge, nous les proposons à la grand mère encore présente. Elle et sa fille les accepte avec plaisir et reviennent vers nous 5 min après, afin de nous inviter à manger chez eux un de ces jours, si nous le souhaitons. Nous échangeons donc nos Wattsapp et rendez vous est pris pour le week end.

Demain, nous irons peut être en ville.... ou pas. 😜